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17 septembre 2007



Manu Chao : La Radiolina


Titres

13 Dias
Tristeza Maleza
Politik Kills
Rainin In Paradize
Besoin De La Lune
El Kitapena
Me Llaaman Cale
A Cosa
The Bleedin Clown
Mundor Eves
El Hoyo
La Vida Tombola
Mala Fama
Panik Panik
Otro Mundo
Piccola Radiolina
Y Ahora Que?
Mama Cuchara
Siberia
Sone Otro Mundo
Amalucada Vida


Je ne sais pas si vous avez remarqué comme tout a tendance à rentrer doucement dans la norme, genre " je ne veux voir qu'une seule tête ". C'est 'ailleurs un peu la même chose dans la musique et chez les humoristes. Dans toutes les formes d'art dites populaires. Il fut un temps pas si lointain où ceux qui nous faisaient rire disaient clairement ce qu'ils pensaient, n'hésitait pas à taper sur les têtes qui ne leur plaisaient pas. Aujourd'hui, chez les humoristes on rit de la banalité du quotidien ou on délire sur des détails, sans risque. Comme ça, on est sûr de passer à la télé. Musicalement, c'est exactement le même mouvement de fond. En ces temps de disette des ventes de disques, quel label oserait aujourd'hui miser de l'argent sur des inconnus qui osent taper sur les politiques ou qui disent tout simplement ce qu'ils pensent. Personne, évidemment. Dans ce paysage là, des gens comme Tryo ou Manu Chao font figures d'exceptions. Ils sont aujourd'hui là où ils sont parce qu'ils ont grandis seuls, en dehors des majors. A l'origine, c'est le bouche à oreilles qui les a fait grandir. Même si les majors et la pub les ont aujourd'hui rattrapés, ils peuvent continuer à dire ce qu'ils pensent. Ils gardent ce droit là parce qu'ils vendent encore suffisamment. Profitons en bien, ça pourrait ne pas durer.

Pour toutes ces raisons, la sortie d'un nouveau Manu Chao est forcément un évènement. Un évènement mondial d'ailleurs, puisque le bonhomme s'exporte vraiment partout, en Amérique du Sud en particulier. Et quand on écoute La Radiolina, on continue à penser qu'à lui seul il pourrait être la bande son de tous les mouvements alter mondialistes, même s'il refuse toute étiquette de leader ou de porte parole, trop facile à discréditer ou à salir d'après lui. Comme les Clash en leur temps, Manu Chao prend fait et cause pour un mouvement politique. Au risque de se tromper, peut être, comme les Clash, allez savoir. Ce qui est assez marrant quand on écoute les chansons de Manu Chao, c'est cette impression de tout comprendre, même quand on ne parle pas la langue. Je ne parle pas un mot d'espagnol et pourtant j'ai l'impression de comprendre l'essentiel du message de chaque chanson. Il faut dire que le vocabulaire est à chaque fois assez basique : phrases courtes, claires et percutantes, comme sur Politik Kills qui en quatre phrases résume pourquoi la politique fait le malheur des hommes. Musicalement, on n'attend plus vraiment de révolution du côté de Manu Chao et pourtant sur le petit dernier, on note une évolution. Comme les deux précédents opus, La Radiolina est encore une fois une suite de chansons à l'aspect bricolo comme on l'aime. Encore une fois, ce disque crée un pont entre toutes les musiques d'Amérique du Sud et Centrale et le Rock. Mais cette fois, La Radiolina marque un retour vers le Rock période Mano Negra. Le single Rainin In Paradize, renouant avec la rage musicale d'antan tout en gardant en étendard le message politique d'aujourd'hui, en est un exemple éclatant. Même chose pour Panik Panik au rythme pogotant qui font brutalement remonter plein de souvenirs à la surface.

Comme d'habitude, Manu Chao se fout des frontières, il chante dans un maximum de langues, l'espagnol surtout, en les mélangeant souvent au sein d'une même chanson. Pour lui, le monde est un tout, notre héritage à tous quelle que soit notre origine. Pour lui, le recyclage est une des clés du futur de l'humanité, alors il pousse cette logique jusqu'à l'appliquer à ses propres chansons dans lesquelles on retrouve souvent quelques phrases de guitare ou gimmicks identiques dans plusieurs titres. Les sirènes de police résonnent dans de nombreuses chansons et le petit solo de Rainin In Paradize fuse aussi dans El Kitapena ou Siberia et Mama Cuchara ressemble même carrément à un remix espagnol de Rainin In Paradize.

Le troisième album solo de Manu Chao sonne comme une sorte de réconciliation entre sa jeunesse française et son présent sans frontières. Du coup, il est aussi son album le plus abouti et le plus attachant.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.manuchao.net

Et la vidéo de Rainin In Paradize ICI


Fields : Everything Last Winter

Titres

Song For The Fields
Charming The Flames
You Don't Need This Song (To Fix Your Broken Heart)
Schoolbooks
The Death
You Brought This On Yourself
Skulls And Flesh And More
Feathers
If You Fail We All Fail
Parasite


Finalement, je me rends compte que personne ne sait vraiment dans quel panier ranger la musique de Fields. Pour moi c'est forcément un bon point. Mieux que ça, c'est bien souvent un signe qui ne trompe pas. Ce sont tous ces groupes qu'on n'arrive pas à enfermer dans une boite, qui surprennent ou étonnent, qui font finalement avancer la musique à petits pas. Tous ces groupes avancent masqués, en mélangeant des choses du passé qui ne l'avaient pas encore été jusque là où les assemblant d'une façon nouvelle qui change notre perception. Ils n'inventent jamais vraiment, ils font évoluer l'existant. C'est exactement le cas de Fields, ce groupe anglais assez inclassable.

D'ailleurs Nick Peill, le chanteur et principal compositeur, qualifie en rigolant le style de sa musique comme étant du " beige metal ". Ce qui éclaire beaucoup mieux notre lanterne, on en conviendra. En fait, ça fait déjà plusieurs mois que j'ai eu l'occasion d'entendre ce premier album de Fields, lors de sa sortie en Angleterre. A l'époque, j'avais été vraiment impressionné et j'attendais avec impatience la sortie française pour en parler. Je vais quand même tenter de vous faire une synthèse de ce qu'est leur musique. Au premier abord, j'aurai presque tendance à la comparer à The Twilight Sad, autre groupe débutant dont j'ai adoré le premier album. Comme eux, ils savent faire cohabiter dans une même chanson des sons acoustiques et Folk qui longent des murs du son pleins de guitares noisy. On retrouve aussi un chant triste et détaché de Nick Peill, mais avec en plus la voix de l'islandaise Thorunn Antonia, clavier et aussi chanteuse du groupe. L'association des deux timbres fait des merveilles, en donnant des accents à la fois brumeux (lui) et gracieux (elle). Tout le charme de Fields (à ne surtout pas confondre avec The Field, groupe Electro auteur d'un album lui aussi excellent) réside dans ces dualités, dans ces contrastes permanents. La production au cordeau de Michael Beinhorn, plutôt habitué aux groupes Metal, permet de faire ressortir les moindres nuances de la musique de Fields, de rendre audibles les guitares Folks au milieu du bruit électrique. Bel exploit. Voilà d'ailleurs un album à n'écouter qu'en version CD. Pour avoir essayé de le compresser sur mon iPod, je peux vous dire que cette musique n'accepte pas la compression, elle en devient vite inaudible. Ce qui donne encore plus de poids au travail superbe de Michael Beinhorn.

Les chansons de Fields profitent donc bien de cette clarté sonore mais elles sont déjà suffisamment impressionnantes en elles même. On n'a jamais franchement l'impression d'écouter un premier album tellement l'équilibre entre harmonies et moments bruitistes est réussi. Souvent au début d'un morceau, on a l'impression d'écouter un album de Folk au format assez classique, comme sur le délicat Schoolbooks, juste avant que le ciel se couvre de nuages et que le ton change doucement pour aller vers un Rock exploratoire à la My Bloody Valentine. Mais toujours, quelle que soit la hauteur des murs de guitares, le duo de voix reste toujours en harmonie au dessus de la mêlée. C'est ce qui donne une grande partie de son charme à Everything Last Winter. The Death est un superbe exercice de style dans ce genre là, comme ce moment précis où un dernier rayon de soleil brillant arrive encore à percer les nuages d'un ciel d'orage. C'est vraiment magnifique. Parallèlement à ça, Fields arrive à être aussi à l'aise qu'un Grandaddy dans des mélodies de haut vol comme ce You Brought This On Yourself qui s'imprimera longtemps dans la mémoire. Tout comme Skulls And Flesh And More qui ne semble être là que pour enfoncer définitivement le clou et nous convaincre que ce groupe là sort vraiment du lot. Jusqu'au livret du disque qui vous donne l'impression d'ouvrir à nouveau un vieux livre de Jules Vernes, tout dans ce disque respire la classe et le talent.

Le premier album de Fields est pour moi une des plus belles surprises de l'année. Le genre d'album qui donne l'impression que le Rock a encore pas mal de territoires à découvrir et qu'il lui reste encore de beaux jours devant lui.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.fieldsband.com

Et la vidéo de Song For The Fields ICI



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